Andy # j'te f'rais des sauces aux champignons.

Il était une fois, dans un petit village… *SBAAFF !* Naméoh, Walt, cay moi qui raconte l’histoire, hein ! Gage-dé ! *kick* Ah, voilà, c’est bon. Alors…



« Putaain !
- Mais dégages, teuhpu !
- Maaais ta gggeule !
- Ohého ! On se calme là ! L’bébé y va recevoir des putains d’ondes négatives !
- Mais qu’il sorte, lui ! Il va te faire exploser !
- Eeeh, arrête, là, c’bébé est même pas né qu’il à d’jà la weed dans l’sang…
- Ca l’forcera p’têtre à s’montrer !
- Le brusque pas ! »

Et c’est dans cette ambiance de folie, dans un squat keupon-hippie bizarroïde, que naquit Andrew Oliver Cox. Les joints et la musique new-wave auraient pu avoir raison de la raison du gamin, mais se révélèrent bien vite avoir eu une toute autre influence.
En effet, les substances psychoactives avaient, bien, psychoactivé Andy, qui, disons le, était carrément chiant. Le genre qui court partout, saute partout, casse tout, mais que voulez vous, on est punk ou on ne l’est pas hun. Eh bien, Andy était un gamin punk, mais un passioné… de cuisine. Sisi, de CUI-SINE. Comme les gâteaux que vous fait gentiment votre grand-mère quand vous lui rendez visite (àcontrecoeurbienentendu) le dimanche après-midi (mais avant 18h15, parce que y’a Question Pour Un Champion, naméoh !). Ouais. Dès tout petit, ça lui à pris comme ça, pouf (Maitésortdececorps !) ! C’aurait pu être l’escalade, l’équitation, la musique, beh non, ce fut l’épluchage de patates. C’pas si mal, hein, « pas dangereux », disaient ses parents, tout en continuant à fumer. Oh, fumer, il aimait bien aussi hein. Mais pas maintenant, voyons !

Quinze. Six lettres, trois voyelles, trois consonnes, une syllabe, le pire âge, selon les parents. Même ceux d’Andrew Oliver Cox. Oui, même eux, les vieux hippies un peu défraîchis, pensaient que la quinzaine serait une épreuve éprouvante dans la vie de leur fiston, et donc dans la leur… Et ils n’avaient pas tout à fait tort. Andy était un garçon intelligent, certes, intéressant, même, mais toujours monté sur ressort, toujours en train de courir dans tout les sens, un boulimique d’expériences, toutes moins recommandables les unes que les autres. Comme la fois, mémorable, ou lui & ses deux meilleurs amis, deux troubadours un peu timbrés du répondant aux doux ( ?) noms d’Alex & Carl, avaient décidé de se lancer un défi : celui de recouvrir entièrement les palissades du terrain vague à côté de leur lycée… avec des autocollants de pommes, bananes et autres oranges. Une semaine durant, ils avaient dévalisé tous les marchands de fuit de la ville, voire des environs, en payant, oupas. Et puis, ils avaient collé, collé, collé jusqu’à finalement avoir complété le défi… ce qui leur valut un aller simple pour le commissariat, et des Travaux d’intérêt général. Ce qui était plutôt injuste, elles étaient tellement moches, avant, ces palissades… Mais passons.

Le lycée fut l’aube d’une nouvelle vie, pour le jeune Cox. Disons surtout que ça le travaillait, hein, un ado reste un ado. Et un ado, ça pense à trois choses : faire des conneries, emmerder ses parents, et coucher (avouezle !). Enfin, c’est le stéréotype, quoi. Qu’Andy semblait extrêmement pressé de suivre… Mais, il l’a pas fait exprès, non, non. Onlefaitjamaisexprèsdetoutefaçonhein. Non, non. On se… Laisse entraîner. Caytout. Ce fut le cas d’Andy, du moins c’est ce qu’il à dit à la psychologue scolaire après avoir braqué la cafétéria du lycée déguisé en Dalton. Hyperactivité quand tu nous tiens… Même s’il aimait bien entraîner les autres. Et faut dire qu’il y arrivait plutôt bien, même si ça lui attirait des ennuis. Parce que, à seize, dix-sept, ou même dix-huit ans, être un des meilleurs élèves du lycée, passionné de cuisine, et homosexuel de surcroît, ça ne fait jamais une excellente réputation, dans ce microcosme intolérant.

Homosexuel. Ok. Andy ne s’était jamais réellement posé quelconque question sur sa sexualité. Ca lui était complètement égal, en fait, qu’à seize ans, il ne soit jamais tombé sous le charme d’une fille, alors que tous ses potes ne pensaient qu’à elles. Non, lui il se laissait porter. Il se foutait comme de son premier joint de tomber amoureux. Si ça lui arrivait, tant mieux, si ce n’était pas le cas on n’allait pas en faire un drame international. Il vivait très bien sans. Evidemment, il lui arrivait de se sentir attiré, voire carrément aimanté par certains gars de son lycée, des footballeurs aux souffre-douleurs, mais jamais ces sentiments ne s’étaient exprimés, aussi contradictoire que cela puisse paraître. Les années passaient, et il flirtait, avec autant de sérieux qu’une Paris Hilton poilue, sans s’engager, sans long terme réel, en se consacrant plus à ses pâtés en croûte qu’au potentiel amour de sa vie. Et c’est pas une histoire de valise qui allait changer les choses … Du moins, c’est ce qu’il croyait.

Le 28 juillet 2009 était un jour parfaitement comme les autres. Andy, qui avait entre-temps attrapé le virus du voyage, revenait du Brésil, ou il avait fait quelques rencontres très… intéressantes, pour ne pas dire fabuleuses. Une armée de drag-queens en bikinis à paillettes, c’est quand même fabuleux, non ? Bref, il foulait de nouveau le sol de Londres, et se dirigea vers le tapis roulant pour attraper sa valise. Noire, une valise noire… Aaah, la voilà ! Noire. Hop, cay parti mon kiki, retour à la maison !

Oups. « C’est à qui, ce caleçon à petits canards ?! ». Mauvaise valise ! « Chiottes, y’avait combien de chance que je me trompe de valise ? Elle est à qui, celle là ? ». Il regarde l’étiquette. Pas de nom, juste un numéro de téléphone. Allez, hop, on tente le tout pour le tout !

« … Aaaallo ?
- Oui ? Euh, excusez moi, auriez vous par hasard trouvé… heum, une valise, noire ?
- Bah, ouais, la mienne quoi.
- Je n’en suis pas si sûr… Vous avez regardé dedans ?
- Non, pourquoi ? je sais c’qu’il y à dans ma valise, quand même.
- Des caleçons à petits canards ?
- Euh... Ouais ! Mais, comment ??! *bruits de fouille* OH PUTAIN D’BORDEL !
- On peut dire ça comme ça, oui…
- Ce s’rait possible, genre de se voir, pour s’échanger les valises ?
- Pas de problème, au contraire… Quand ?... »

Le lendemain, et avec un peu de retard, Andy attendait à la terrasse d’un café, que le propriétaire de la valise refasse surface. Il tirait nerveusement sur sa cigarette, sans savoir réellement à quoi s’attendre… mais espérant quelque chose de bien. Alors, il arriva, tirant derrière lui la valise d’Andy, exactement identique à celle de l’inconnu. Plutôtpasmal, soit dit en passant. Même carrément canon. Echange de valises, échange de politesses, parce que oui, les paidai sont des êtres civilisés, gentils messieurs de la table d’à coté qui les regardaient comme s’ils étaient des monstres, quand ils se sont échangés les numéros, histoire de « faire plus ample connaissance », disait le beau brun propriétaire de la valise à caleçons-petits-canards, et que ce dernier, après avoir soigneusement écrit numéro + adresse (cequin’endisaitpasdutoutlongsursesintentions) sur un papier déchiré dans son agenda, l’avait glissé, sans pudeur aucune, dans la poche arrière du jean d’Andy, et regard qui veut tout dire (« j’ai envie de faire des bébés avec toi »). Et aufait ?

« C’est bien joli, de me donner votre numéro, mais… comment vous vous appelez ?
- Pas la peine de me vouvoyer, mec. T’en fait pas pour ça. Et sinon, j’m’appelle Peter. Peter Johnson. »

Ohputaindebordeldemerde. Voilà qui résumait à peu près bien l’état d’esprit d’Andy, quand vint le jour ou il décida de dire à ses parents qu’il ne leur fera jamais de blondinet en short qui court dans le jardin devant les yeux émerveillés de grand-papa et grand-maman. Eh oui, caylavie. Ils devraient faire avec, que ça leur plaise ou non, même si James & Leah Cox n’étaient pas du genre conservateurs anti-tout. Cool, peut-être, mais certaines choses provoquent des réactions plus biologique que psychologiques. Le coming-out de votre fils unique, par exemple. Mais Andy avait pris sa décision. A dix-sept ans, le moment était venu, il ne pouvait continuer comme ça. Certes, il aurait pu attendre sa majorité, et ainsi, pouvoir faire la nique à ses parents en leur affirmant qu’ils n’avaient plus leur mot à dire, & qu’ils pouvaient le foutre à la porte sans pertes ni fracas puisqu’il était désormais maître de son destin. Mais renoncer n’est pas dans le code génétique des Cox. Ainsi, il s’avança dans le salon, à la rencontre de ses parents.

Sa mère travaillait sur une nouvelle toile, tandis que son père cherchait à battre son record à Tetris. La routine, chez les Cox. Il s’approcha de sa génitrice en lui demandant de s’asseoir, puis arracha tant bien que mal la GameBoy des mains de son paternel. « Allez, Andy, tu peux le faire. » se dit-il, en essayant de s’en persuader. « Inspire par le nez, expire par où tu peux ! ».

« Papa, maman…
- Oui ? s’enquit sa mère, avec un sourire angélique.
- Bien… Bien. Je dois vous le dire, maintenant.
- T’as encore tué le chat du voisin ?! »
C’était James Cox tout craché, ça. Faire culpabiliser son fils, pour jouer bien entendu, car Monsieur ne se souvenait plus vraiment, à quarante et un ans, des sentiments que pouvait exprimer un jeune de l’âge de son fils. Cependant, ce dernier ne releva pas, et reprit :

« Eh bien en fait… je… j’ai… comment dire, euuuh… »
« Reprends-toi, bon sang de bon soir ! »

« Jesuizomosexuel. » , lâcha-t-il d’un coup, comme les américains la bombe atomique sur Hiroshima.

« Oh ?
- Cool.
- Tu pensais…
- Je, je, AAAAAAAAAAAH !! » Il enfouit sa tête dans ses mains.
- Eh bien, mon garçon, dit son paternel en reprenant sa partie. Tu pensais vraiment qu’on en avait quelque chose à faire ? »