City's lights (graham)

Il y a différentes sortes de bars. Des miteux où vous aimeriez pas mettre les pieds, des tellement branchés qu'ils sont obligés de refuser du monde, des thématiques selon la personnalité du gérant... Celui dont nous allons parler n'était ni le premier ni le deuxième, mais certainement le troisième. Le patron avait roulé sa bosse sur les routes des States pendant une vingtaine d'années avant de rentrer à la maison. Et cette expérience avait laissé des souvenirs divers et variés qui se retrouvaient dans l'ambiance de son bar. C'était un peu le dinner au bord de la route façon années 50, un peu le saloon de cow-boys... enfin c'était surtout un endroit où on bouffe de la bonne vieille junk food amerloque en écoutant des standards du rock, de la soul, du jazz... que du bonheur. C'était pour cette ambiance que Teagan De Vitto aimait venir dans cet endroit. Il s'installait à une table et commandait café sur café (le traditionnel jus de chaussette américain, à croire qu'ils ne savent pas faire du bon café) et des donuts de temps en temps (mais pas trop, il surveillait sa santé). Il vérifiait les notes pour le prochain polar qu'il allait écrire, des polars qui se vendraient en best seller. Vous faites quoi dans la vie ? Je suis Harlan Coben mais en anglais.

Comme toujours, ce soir là il y était, assis à sa table habituelle près de la vitre. Teagan était un citadin pur jus, et il aimait les lumières de la ville la nuit. Il était 23 heures et il ne semblait pas pressé d'aller se coucher. Teagan était aussi insomniaque. Il travaillait la nuit, comme les campagnols. Ses yeux noirs parcouraient ses notes, il frottait sa barbe de 3 jours. Sa main droite portait la chevalière de son père au majeur. Je vous dis pas la classe des doigts d'honneur avec ça. Il avait coupé ses cheveux blonds vénitiens plus courts que d'habitude. Les cheveux devant les yeux l'empêchaient de se concentrer. La serveuse lui apporta son cinquième café et eut droit à un petit merci qui ressemblait plus à un grognement qu'à une formule de politesse. De Vitto était dans la catégorie ours des cavernes. C'était un ex flic de la "vieille école" comme on dit. Plus inspecteur Harry que Starsky et Hutch, vous voyez le genre ? Where were you the 6th at 10pm ? Mais son passé de flic était derrière lui. Maintenant, il était juste le mec qui écrit des polars et qui se fait les c**illes en or en les vendant. Tout le monde ou presque lisait ses livres, mais en fait personne ne savait exactement qui était ce T. De Vitto dont le nom se faisait discret sur la couverture comme pour dire venez pas m'emmerder.

De Vitto était discret oui. Il n'aimait pas les flashs qui crépitent, les gens qui veulent des autographes. Il voulait qu'on le laisse faire ce qu'il voulait, c'est à dire écrire des livres tranquille. Mais il n'acceptait pas de devoir subir la pression de la foule. Les italiens du nord n'aiment pas qu'on parle trop. Il n'allait que dans les émissions littéraires sérieuses, pas dans les tv shows à sensations où on allait le questionner sur tout sauf le contenu de ses livres.

(J'ai commencé doucement)